En décembre dernier, lors de la Conférence des Nations Unies sur le changement climatique (COP28) à Dubaï, les 198 pays signataires de la Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques (CCNUCC) ont appelé à accélérer le déploiement des technologies énergétiques à faibles émissions, y compris l'énergie nucléaire, pour atteindre une décarbonation rapide et profonde, en particulier dans les secteurs difficiles à décarboner comme l'industrie. De plus, 25 pays se sont engagés à œuvrer vers un triplement de la capacité nucléaire mondiale d'ici 2050 afin d'atteindre les objectifs de neutralité carbone.

 

En marge de la « New York Climate Week », 14 banques et institutions financières ont annoncé leur soutien au développement de l'énergie nucléaire, celle-ci étant considérée comme un pilier clé pour la transition vers une économie bas carbone. Ces institutions incluent Abu Dhabi Commercial Bank, Ares Management, Bank of America, Barclays, BNP Paribas, Brookfield, Citi, Credit Agricole CIB, Goldman Sachs, Guggenheim Securities, Morgan Stanley, Rothschild & Co, Segra Capital Management et Société Générale. Ces banques et gestionnaires d'actifs ont souligné l'importance du financement des projets nucléaires pour soutenir la transition énergétique mondiale.

 

Représentation CSFN avec leurs partenaires 

 

Selon la World Nuclear Association, les marchés financiers peuvent jouer un rôle crucial dans le développement de l'énergie nucléaire en apportant expérience, présence mondiale et solutions adaptées pour soutenir l'industrie. Cette déclaration a été soutenue par John Podesta, conseiller principal pour la politique climatique internationale auprès du président Biden. Il a affirmé que l'énergie nucléaire est une énergie propre essentielle pour assurer un avenir vivable, créer des chaînes d'approvisionnement durables pour les énergies renouvelables et soutenir la prospérité mondiale. Selon lui, cela ne sera réalisable que par une collaboration étroite entre les différents acteurs.

 

Le Premier ministre slovène, Robert Golob, a souligné que le principal défi à résoudre restait le financement des projets nucléaires. Il a appelé les marchés financiers à s'adapter et à développer de nouveaux instruments financiers pour rendre l'énergie nucléaire compétitive avec d'autres sources d'énergie décarbonées. De son côté, Ebba Busch, ministre suédoise de l'Énergie, des Affaires et de l'Industrie, a expliqué que le gouvernement suédois explorait de nouveaux modèles de financement, y compris des prêts garantis par l'État, des contrats pour différence (CfDs) et des mécanismes de partage des risques. L'objectif est de créer des conditions plus favorables pour la construction de nouvelles centrales nucléaires en Suède, contribuant ainsi à un avenir plus durable.

 

Le mois dernier, une étude du gouvernement suédois a également proposé l'octroi d'aides d'État aux entreprises investissant dans de nouvelles infrastructures nucléaires, avec une réglementation claire sur les conditions et les procédures d'application pour recevoir ce soutien.

 

James Schaefer, directeur général chez Guggenheim Securities, a mis en avant le fait que les technologies de nouvelle génération de fission nucléaire sont non seulement sûres et propres, mais également commercialement viables. Il a insisté sur la nécessité d'accélérer la construction des centrales qui sont aujourd’hui encore à l’état de projets, soulignant la demande massive d'électricité pour des secteurs comme les centres de données et les technologies liées à l'intelligence artificielle (IA). Selon lui, cela nécessite une collaboration étroite entre les exploitants de centrales, les entreprises technologiques et les institutions financières.

 

Mohamed Al Hammadi, directeur général de l'Emirates Nuclear Energy Corporation et président de la World Nuclear Association, a observé un changement significatif dans la dynamique du secteur nucléaire depuis la COP28, particulièrement en raison de l'augmentation de la demande d'énergie propre pour les centres de données et les technologies IA. Il a noté que cette demande devrait doubler d'ici 2026. Il a également salué le soutien des 14 institutions financières mondiales, soulignant que l'énergie nucléaire était désormais perçue comme un facteur essentiel pour décarboner le secteur de l'énergie. Il a ajouté que l'efficacité dans la construction de centrales nucléaires récentes contribuait à renforcer la confiance du marché et prouvait que le nucléaire est une solution viable pour garantir la sécurité énergétique et atteindre les objectifs de neutralité carbone.

 

Vous pouvez consulter l’article de World Nuclear News ici : https://www.world-nuclear-news.org/articles/international-banks-express-support-for-nuclear-expansion

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